Bonjour,
Il y a 3 semaines, nous sommes ressortis mon mari, ma fille et moi de Necker avec un diagnostic. Enfin, nous en avions un ! Mais ce n'était pas celui que nous espérions pour notre fille de 7 ans. Une néphronophtise, nom barbare pour désigner une insuffisance rénale chronique génétique.
Depuis 2 ans, j'alternais entre 2 pédiatres pour faire entendre ce qui me paraissait être des symptômes pour ma fille... une stagnation de son poids et de sa taille, une grande soif et surtout une perte d'appétit. Une seule prise de sang a été faite sur ma demande et le diagnostic était sans appel : j'étais trop angoissée, elle me faisait tourner en bourrique, elle était anorexique, un enfant ne se laisse jamais mourir de faim, si je la lâchais, elle se remettrait à manger.
Je n'ai su que récemment que cette prise de sang effectuée il y a 2 ans était déjà trop élevé en créatinine. Personne ne l'a vu, personne n'a voulu le voir, personne ne s'est inquiété...
A cette période, mon mari et moi avons adopté des attitudes opposées à nos principes : la forcer à manger, la faire arrêter de boire, lui interdire d'aller faire pipi avant d'avoir terminé son assiette... Je me retourne aujourd'hui sur cette période avec une tendresse particulière pour ma fille qui a subi l'imbécilité des médecins et l'errance de ses parents...
Non satisfaite des diagnostics pseudopsycho des pédiatres, je me suis tournée vers un gastro-pédiatre exceptionnel qui m'a entendue immédiatement. Il a découvert une anémie sévère nécessitant une transfusion en urgence. La machine était (enfin) lancée. Après une transfusion à Trousseau, nous nous sommes retrouvés à Necker au service néphrologie pédiatrique.
Le diagnostic était, me semble t'il, posé avant même que nous arrivions dans le service. L'équipe de néphrologie avait étudié le dossier de ma fille et ils n'ont pas eu besoin de beaucoup de temps pour venir nous annoncer le diagnostic... quelle violence ! Surtout qu'une fois le diagnostic annoncé, on ne nous a pas annoncé de solution, de rédemption, de miracle... On nous a dit en d'autres termes que notre fille allait mourir ! J'ai ressenti un vide intercorporel instantané, un vide d'émotions, une incapacité à pleurer, et pour la première fois, l'envie de mourir. Ce n'est que 5 heures plus tard que nous avons pu rencontrer le staff et poser toutes nos questions... Quelle joie intense ! Une greffe sera possible, ma fille ne mourra pas demain ! Petite claque immédiate : sa soeur a un risque sur 4 d'être atteinte...
Nous sommes pris aujourd'hui en main par les meilleurs, je suis confiante dans leurs diagnostics et leurs traitements. Cependant, l'humain n'a pas sa place, l'humain prend trop de temps, l'humain est encombrant et le corps médical est débordé. Nous restons aujourd'hui avec de nombreuses questions sans réponses, sur le quotidien, sur l'avenir...
J'ai besoin de témoignages, j'ai besoin d'espoir, j'ai besoin de trucs et astuces pour pouvoir assurer le quotidien, j'ai besoin d'expérience pour expliquer à une enfant de 7 ans ainsi qu'à sa petite soeur... J'ai besoin de partager.
Merci